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Tunisie : La cour d’appel confirme la condamnation du journaliste Ghassen Ben Khalifa à six mois de prison
La 17ème chambre criminelle de la cour d’appel de Tunis a confirmé, ce vendredi, le jugement en première instance condamnant le journaliste et rédacteur en chef du site Inhiyaz, Ghassen Ben Khalifa, à une peine de six mois de prison en application de l’article 86 du code des télécommunications. Cette décision intervient malgré l’absence de preuves tangibles reliant le journaliste aux accusations portées contre lui.
Une accusation infondée
Ghassen Ben Khalifa, également connu pour son engagement militant de gauche, est poursuivi depuis septembre 2022 pour la gestion présumée d’une page Facebook baptisée « El Bourkan Ettounsi », accusée de diffuser un contenu « salafiste djihadiste ». Le journaliste a toujours fermement nié toute implication, rappelant n’avoir aucun lien avec cette page.
Pire encore, les investigations menées par l’Unité nationale de recherche sur les crimes terroristes n’ont révélé aucune preuve incriminante après la fouille de son ordinateur et de son téléphone. Malgré cela, la justice a maintenu l’accusation de « diffamation envers autrui via le réseau public de télécommunications », une qualification qui a suscité l’indignation de la société civile.
Un verdict qui scandalise
Le journaliste a exprimé sa stupéfaction face à ce jugement :
« Alors que mes avocats et moi-même nous attendions à ce que la Cour d’appel prononce un non-lieu, ou du moins allège la peine à une sanction non privative de liberté, nous avons été surpris par la confirmation du jugement injuste prononcé en première instance. »
Cette condamnation intervient dans un contexte de rétrécissement de l’espace médiatique et militant en Tunisie, où plusieurs voix critiques font l’objet de poursuites judiciaires sur la base de lois répressives, notamment le décret-loi 54 et le code des télécommunications.
La société civile se mobilise
Des organisations de défense des droits humains, dont l’association Taqasus (Intersection), ont dénoncé une condamnation politique visant à museler la liberté d’expression. Elles appellent à une mobilisation urgente pour exiger l’abandon des charges contre Ghassen Ben Khalifa et la libération de tous les journalistes et militants injustement ciblés.
Alors que la Tunisie traverse une crise politique profonde, cette affaire soulève de graves inquiétudes quant à l’indépendance de la justice et le respect des droits fondamentaux. La communauté internationale est appelée à réagir face à cette nouvelle escalade répressive.