Politique
Alerte du SNJT : Atteintes Historiques à la Liberté de la Presse en Tunisie
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens suit avec grand intérêt les développements survenus ces dernières heures dans le secteur des médias qui portent atteinte à la liberté de la presse, d’opinion et d’expression et à l’indépendance des instances et organisations indépendantes, dont les plus importants sont :
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a publié le communiqué suivant :
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens suit avec grand intérêt les développements survenus ces dernières heures dans le secteur des médias qui portent atteinte à la liberté de la presse, d’opinion et d’expression et à l’indépendance des instances et organisations indépendantes, dont les plus importants sont :
La prise d’assaut de la maison de l’avocat dans la nuit du samedi 11 mai par des agents de sécurité masqués et l’arrestation de l’avocate et chroniqueuse médiatique Sania Dahmani, convoquée par le juge d’instruction du tribunal de première instance en vertu de l’article 24 du décret 54 de 2022 relatif à la lutte contre les délits liés aux systèmes d’information et de communication, suite à une saisine du ministère public, qui a engagé des poursuites contre Mme Dahmani pour une déclaration télévisée.
Hamdi Tlili, photojournaliste de France 24, a été arrêté alors qu’il filmait la « prise d’assaut de la maison de l’avocat », son matériel et ses moyens de travail ont été saccagés, et après que le Syndicat national des journalistes tunisiens a contacté le ministère de l’Intérieur, il a été relâché.
Le dimanche 12 mai 2024, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis a décidé de placer en détention les professionnels des médias Berhane Bsaess et Mourad Zaghidi après les avoir entendus à la brigade anti-criminalité de Gorjani dans deux dossiers distincts.
Samedi soir, ils ont été placés en détention suite à une perquisition à leurs domiciles, confisquant leurs téléphones et ordinateurs et enquêtant sur eux dans le cadre d’un suivi direct soulevé par le ministère public, les soupçonnant d’avoir commis un acte brutal à l’encontre du Président de la République, sur la base de commentaires journalistiques à caractère politique et social dans diverses émissions de radio et de télévision.
Sur la base de tous ces faits, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens tient à exprimer ce qui suit :
Premièrement Elle exprime sa solidarité avec l’Ordre national des avocats, présidé par le bâtonnier Hatem Meziou, ainsi qu’avec toutes les structures de la profession et ses membres, et considère ce qui s’est passé comme un dangereux précédent qui ne s’est jamais produit, ni à l’époque coloniale, ni à aucune des époques politiques successives, en violation directe et évidente de l’indépendance des organes et organisations nationaux et de l’inviolabilité de leur siège, et tient le pouvoir politique actuel pour responsable de cette escalade injustifiée.
Deuxièmement, elle condamne fermement les attaques contre son collègue Hamdi Tlili, y compris l’agression violente et la perturbation de sa liberté journalistique, en le poussant et en le traînant de force à l’intérieur de la maison de l’avocat, en brisant ses outils de travail et en l’arrêtant, et demande que les responsables de ces actes soient tenus de rendre compte de leurs actes.
Troisièmement, elle rejette la détention arbitraire de Mourad Zghaidi et Berhane Bessis, et condamne l’usurpation par le ministère public de la compétence du juge d’instruction pour les perquisitionner et les détenir en dehors de l’état de flagrant délit et ouvrir une enquête à leur encontre au sens de l’article 24 du Décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication, ainsi que la condamnation de l’arrestation de journalistes et de professionnels des médias sur la base de leur contenu journalistique et leur traque en vertu de lois punitives telles que le décret 54, en totale contradiction avec les procédures de traque des journalistes.
Quatrièmement, il rejette l’utilisation du système judiciaire tunisien pour imposer une tutelle sur le contenu des médias afin de faire taire toute voix libre qui critique les politiques publiques, dans le but de harceler les journalistes et les professionnels des médias et de leur inspirer la peur et la terreur, et condamne l’approche continue du système judiciaire tunisien pour poursuivre les journalistes en violation flagrante de l’article 55 de la Constitution tunisienne relatif à la protection des droits et des libertés.
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens tient à souligner que les poursuites fréquentes contre des journalistes sur la base de contenus journalistiques, d’opinions et de positions protégées par des lois et des législations frappent au cœur toutes les tentatives professionnelles de modifier les contenus journalistiques conformément aux codes et chartes professionnels, et sapent les acquis de la liberté d’expression et de la presse qui se sont imposés grâce à la révolution tunisienne. Le syndicat annonce également qu’il a décidé d’appeler à une réunion élargie du bureau exécutif pour prendre les mesures nécessaires face à cette grave crise.
Communique du Syndicat national des journalistes tunisiens le 12/05/2024