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Marzouki : ‘En Tunisie, gauche et droite ont échoué, seul le peuple citoyen déclenchera la prochaine révolution
Genève, 10/05/2025 – Dans une interview exclusive accordée au Pont de Genève, Moncef Marzouki, ancien président tunisien (2011-2014), exprime ses inquiétudes face à l’avenir de la Tunisie. Dix ans après la Révolution , celui qui fut le premier président élu après la chute de Ben Ali anticipe un nouveau soulèvement populaire, tout en critiquant les excès autoritaires du pouvoir actuel et les erreurs des dirigeants politiques.
D’après Moncef Marzouki, le président Kais Saied « verrouillé toutes les institutions », détruisant l’héritage démocratique de 2011. « Je regrette d’avoir laissé les médias contre-révolutionnaires ternir mon image et celle de la Tunisie et de la révolution. », admet-il, reconnaissant une lacune de sa présidence.
Concernant la crise des migrants subsahariens, Marzouki condamne la « xénophobie d’État » : « Les déclarations racistes des autorités sont honteuses. La solution réside dans une coopération panafricaine, pas dans la répression. » Il insiste sur le fait que la Tunisie, terre d’asile historique, « ne peut renier son humanisme ».
L’ancien président critique sévèrement ses anciens alliés. « La gauche a commis une faute morale en soutenant un candidat du régime précédent », affirme-t-il, faisant référence à Beji Kaied Essebsi. Quant à Ennahdha, il les accuse d’avoir « pactisé avec les crocodiles » – une métaphore pour dénoncer leur compromission avec les contre-révolutionnaires.
Face à la crise, Marzouki propose une solution radicale : un « congrès national démocratique » réunissant toutes les forces vives du pays. Pour lui, la Tunisie est au bord de l’effondrement : « Les conditions sont pires qu’en 2010 : chômage, inflation, oppression… Le peuple est à bout. »
Dans une conclusion émouvante, Marzouki s’adresse aux nouvelles générations : « La véritable révolution ne vient pas des suiveurs, mais des citoyens libres. »