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Tunisie : le juge d’instruction ordonne l’incarcération de l’avocat Ahmed Souab

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Le juge d’instruction du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a pris la décision d’incarcérer l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab ce mercredi 23 avril 2025. Cette mesure intervient après deux jours de garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte pour des faits qualifiés de terroristes, déclenchée suite à des déclarations publiques de l’avocat.

L’équipe de défense de l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab a annoncé son retrait de l’audience d’interrogatoire, après que « le juge d’instruction a refusé l’accès à plus de 4 avocats lors de la séance », comme l’a rapporté l’avocat Laroussi Zguir le président du conseil régional des avocats de Tunis.

L’affaire trouve son origine dans une intervention de Me Souab devant la Maison de l’avocat le 19 avril dernier. Lors de cette prise de parole concernant le dossier du « complot contre la sûreté de l’État » dans lequel il officie comme défenseur, l’avocat avait employé une formule choc : « Les juges ont le couteau sous la gorge ». Cette métaphore visait selon ses proches à dénoncer les pressions subies par la magistrature, mais a été interprétée différemment par les autorités.

Les éléments du dossier révèlent que la justice a retenu des charges particulièrement graves contre l’avocat. L’acte d’accusation mentionne notamment des menaces terroristes au sens de l’article 52 du Code antiterroriste, ainsi que des accusations de mise en danger de magistrats et d’incitation à la violence. Ces qualifications juridiques ont immédiatement suscité des réactions dans le milieu judiciaire et associatif.

La réaction du barreau tunisien ne s’est pas fait attendre. L’Ordre des avocats a convoqué une assemblée générale extraordinaire pour examiner les suites à donner à cette affaire qui touche au cœur de la profession. Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont la FIDH, ont exprimé leur vive préoccupation face à ce qu’elles perçoivent comme une instrumentalisation de la législation antiterroriste.

Cette affaire s’inscrit dans un contexte judiciaire et politique particulièrement tendu en Tunisie. Depuis plusieurs mois, on observe une multiplication des poursuites contre des avocats et des défenseurs des droits humains pour leurs prises de position publiques. Les observateurs internationaux suivent avec attention l’évolution de cette situation qui interroge sur l’équilibre entre sécurité nationale et libertés fondamentales.

Les prochaines étapes procédurales seront déterminantes pour l’issue de cette affaire. La défense de Me Souab dispose de la possibilité de former un recours devant la Chambre d’accusation. Parallèlement, la réaction des institutions étatiques et des partenaires internationaux de la Tunisie est attendue avec intérêt par les différents acteurs concernés.

Cette affaire dépasse le simple cadre judiciaire pour poser des questions fondamentales sur l’état des libertés publiques et l’indépendance de la justice en Tunisie. Elle intervient à un moment charnière où le pays fait l’objet d’un examen attentif de la part de la communauté internationale concernant le respect des droits humains et des standards démocratiques.

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