Politique
La Tunisie à la croisée des chemins : l’ONU dénonce une dérive autoritaire et humanitaire

GENÈVE – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a lancé un appel urgent aux autorités tunisiennes, les exhortant à protéger les processus démocratiques et à défendre les libertés fondamentales dans un contexte de crise multidimensionnelle touchant le pays.
La situation politique en Tunisie est au cœur des préoccupations, avec une campagne présidentielle marquée par une répression sans précédent. Plus d’une centaine de candidats potentiels, membres de leurs équipes et personnalités politiques ont été arrêtés sous divers prétextes. Sur 17 candidatures potentielles, seules trois ont été validées par l’Instance supérieure indépendante pour les élections, soulevant des questions sur l’intégrité du processus électoral.
« Ces affaires sont préoccupantes. Leurs procès témoignent d’un manque de respect pour les garanties d’une procédure régulière et d’un procès équitable », a déclaré M. Türk, soulignant les atteintes à l’état de droit, notamment le refus d’appliquer une décision du Tribunal administratif ordonnant la réadmission de candidats exclus.
Parallèlement à cette crise politique, des experts de l’ONU ont mis en lumière de graves violations des droits humains à l’encontre des migrants, réfugiés et victimes de traite. Les opérations de recherche et sauvetage en mer, ainsi que les transferts vers les zones frontalières, sont entachées d’allégations de violence extrême.
Entre janvier et juillet 2024, ces pratiques auraient entraîné la mort de 454 personnes, dont des enfants, avec 95 autres portées disparues. Les survivants font face à des transferts forcés arbitraires vers les frontières algérienne et libyenne, sans accès à l’aide humanitaire, les exposant à des risques graves.
Les experts dénoncent également une discrimination flagrante envers les migrants subsahariens et une augmentation alarmante des activités de groupes criminels impliqués dans la traite des êtres humains. Des cas de violences sexuelles, y compris des viols d’enfants et de femmes, ont été signalés dans les zones frontalières.
La répression s’étend à la société civile, avec de nombreux journalistes, défenseurs des droits humains, opposants politiques, juges et avocats pris pour cible. Cette situation marque un recul significatif par rapport aux progrès réalisés depuis 2011 en matière de responsabilité et de réparation des atteintes passées.
« Je demande instamment à la Tunisie de s’engager à nouveau en faveur de la justice transitionnelle dans l’intérêt des victimes et d’entreprendre les réformes indispensables pour renforcer l’état de droit », a déclaré le Haut-Commissaire, appelant également à la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement.
Face à cette situation critique, l’ONU remet en question la désignation de la Tunisie comme « lieu sûr » pour les opérations de sauvetage en mer et s’inquiète de la poursuite de la coopération dans le cadre du partenariat stratégique entre l’Union européenne et la Tunisie. Les experts ont pris contact avec les autorités tunisiennes et l’UE, appelant à une action urgente pour protéger les droits et la dignité de tous en Tunisie, qu’il s’agisse de citoyens ou de migrants.

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