Grève de la faim de Sihem Bensedrine : Un médecin dénonce un « risque majeur » pour sa santé

Le Pont de Genève – Tunis, 23 janvier 2025 – Le Dr Lamjed Ben Sedrine, médecin et proche de la militante des droits de l’homme Sihem Bensedrine, a tiré la sonnette d’alarme concernant l’état de santé critique de cette dernière, incarcérée depuis près de six mois à la prison civile de la Manouba. Dans un rapport détaillé rédigé après une visite effectuée le 23 janvier, le médecin a décrit une situation médicale inquiétante, aggravée par une grève de la faim entamée il y a dix jours.

Sihem Bensedrine, âgée de 75 ans, souffre d’une cardiopathie hypertensive et a récemment connu un épisode de désaturation, caractérisé par une baisse du taux d’oxygène dans le sang, nécessitant une mise sous oxygène. Cet incident survient dans un contexte d’hypotension, malgré l’arrêt de sa triple thérapie anti-hypertensive, qu’elle a volontairement interrompue dans le cadre de son mouvement de protestation. Le Dr Ben Sedrine a évoqué deux hypothèses médicales préoccupantes : une décompensation cardiaque transitoire ou une embolie pulmonaire segmentaire.

« J’ai tenté de la dissuader de poursuivre sa grève de la faim, accompagnée de l’arrêt des traitements cardiaques, mais sans succès. Sa détermination demeure totale », a déclaré le médecin. Il a également souligné les risques majeurs liés à la poursuite de sa détention, compte tenu de la précarité de sa santé et de son âge avancé.

Le Dr Ben Sedrine a appelé les autorités tunisiennes à reconsidérer la légitimité de sa détention, mettant en garde contre une détérioration potentiellement irréversible de son état de santé. « La situation est grave et pourrait devenir critique si des mesures urgentes ne sont pas prises », a-t-il insisté.

**Contexte de l’incarcération :**

Sihem Bensedrine, ancienne présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD), est détenue depuis le 1er août 2024 dans le cadre d’une affaire jugée controversée par ses soutiens. Son placement en détention provisoire, basé sur un mandat de dépôt, a suscité de vives critiques de la part d’organisations de défense des droits de l’homme, qui dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Sa grève de la faim, entamée le 14 janvier 2025, coïncide avec le 14e anniversaire de la révolution tunisienne, un symbole fort pour cette figure emblématique de la lutte pour les droits humains en Tunisie. Ses proches et ses avocats réclament sa libération immédiate, arguant de l’absence de preuves tangibles justifiant son maintien en détention.

**Appel à la mobilisation :**

La situation de Sihem Bensedrine a mobilisé la société civile tunisienne et internationale. Des marches de solidarité ont été organisées, notamment devant le ministère de la Justice, pour exiger sa libération et dénoncer les conditions de sa détention. Omar Mestiri, son époux et militant des droits de l’homme, a été l’un des premiers à alerter sur la dégradation de son état de santé.

Alors que les risques pour sa santé s’intensifient, l’appel du Dr Ben Sedrine résonne comme un ultime avertissement aux autorités tunisiennes. La communauté internationale et les défenseurs des droits de l’homme suivent de près cette affaire, symbole des défis persistants de la transition démocratique en Tunisie.