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À Nabeul, un Tunisien condamné à mort pour des publications Facebook

NABUEL, le 3 octobre 2025 – Le tribunal de première instance à Nabeul (70 km à l’EST de Tunis) a créé la surprise en condamnant à mort un homme pour des publications en ligne considérées comme insultantes envers le chef de l’État. Cette affaire, qui a mis en émoi le monde judiciaire tunisien, pose de sérieuses questions sur les libertés individuelles.
L’accusé est un homme ordinaire, un simple travailleur avec peu d’éducation et père de famille. Ses publications sur Facebook, qui ont déclenché toute cette affaire, n’étaient suivies que par quelques personnes, ce qui soulève des doutes sur leur impact réel.
Selon l’avocat de la défense, l’affaire repose entièrement sur ces publications en ligne.
L’homme a été reconnu coupable de plusieurs charges graves :
- * Propos irrespectueux envers le président
- * Diffusion de fausses informations concernant un représentant de l’État
- * Tentative de renverser le gouvernement
Cette dernière accusation, basée sur un article du Code pénal, est passible de la peine capitale.
L’affaire a suivi un parcours judiciaire inhabituel. D’abord entre les mains des services antiterroristes, elle a finalement été traitée par un tribunal local qui a prononcé la peine de mort.
L’accusé est actuellement en prison et son avocat a fait appel du jugement.
Les responsables du tribunal ont refusé de commenter l’affaire, laissant planer le mystère sur les raisons d’une telle sévérité.
Bien que la peine de mort existe toujours en Tunisie pour certains crimes, elle n’est plus appliquée depuis longtemps. Cette condamnation intervient à un moment où la liberté d’expression et la répression de la contestation en ligne sont des sujets sensibles.
La sévérité de la sentence, disproportionnée par rapport à l’audience limitée des publications, risque de relancer le débat sur l’utilisation de lois répressives pour punir l’expression en ligne.
Un observateur des droits humains s’interroge : des propos sur les réseaux sociaux peuvent-ils vraiment être considérés comme une tentative de renversement du gouvernement justifiant la peine de mort ?
Le prochain appel sera crucial non seulement pour l’accusé, mais aussi pour l’avenir de la liberté d’expression en Tunisie.
À l’origine, ce dossier avait été confié au pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, cette instance s’en est désaisissie, estimant que les faits ne revêtaient aucun « caractère terroriste ». C’est à la suite de ce désistement que l’affaire a été transférée devant la chambre criminaire du tribunal de première instance de Nabeul, qui a rendu l’arrêt fatal.
Des informations relayées par Me Bassam Tréfi, président de l’Association tunisienne de défense des droits de l’Homme, indiquent que le magistrat ayant prononcé ce jugement a depuis été muté et dessaisi du dossier. Les raisons exactes de cette décision ne sont pas officiellement précisées.
La condamnation s’appuie sur un ensemble de chefs d’accusation liés à ses publications en ligne. Les faits retenus contre lui sont :
Chef d’Accusation | Base Légale (Selon les sources) |
---|---|
« Acte odieux » envers le président de la République | Non précisée |
« Attaque délibérée visant à changer la forme de l’État » | Article 72 du Code pénal |
« Diffusion de fausses nouvelles ciblant un fonctionnaire public » | Décret-loi 54 |
L’Article 72 du Code pénal tunisien, invoqué ici, stipule en effet que « est puni de mort l’auteur d’une attaque dont le but est de changer la forme de l’État ».

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