Connect with us

ENTERTAINMENT

Interview avec Hamma Hammami : Parcours d’un militant de gauche dans la Tunisie des dictatures

Published

on

Hamma Hammami, un pilier de la gauche tunisienne, c’est l’histoire d’une résistance tenace face à l’injustice, quel que soit le gouvernement en place en Tunisie. Dans un entretien récent avec Le Pont de Genève, il livre un récit émouvant des combats, des souffrances et des rêves de la gauche tunisienne depuis les années 60. Cet article explore sa vie, ses batailles et son regard sur le vécu de la gauche en Tunisie, avec ses hauts et ses bas.

Hamma Hammami, né le 8 janvier 1952 à El Aroussa, est une figure de proue du Parti des travailleurs (autrefois connu sous le nom de Parti communiste des ouvriers de Tunisie, ou PCOT). Son implication dans la politique a débuté dans les années 1970, en rejoignant le mouvement communiste clandestin El-Amal Ettounsi (L’Ouvrier tunisien). En 1974, il fut condamné à une peine de huit ans et demi d’emprisonnement en raison de ses activités militantes. Il a passé six ans derrière les barreaux, où il a subi des tortures et des mauvais traitements. Ces épreuves ont laissé des cicatrices physiques et psychologiques, mais n’ont pas diminué sa volonté de se battre pour ses convictions.

Contexte historique : les gauches tunisiennes et le mouvement Perspectives

Après la chute du régime de Ben Ali en 2011, Hammami est devenu un acteur important de la période de transition politique. Il a milité activement pour l’élection d’une Assemblée constituante, considérant que seul cet organe pouvait donner à la Tunisie une légitimité populaire et une Constitution qui reflète la volonté du peuple.

Dans les années 60, en Tunisie, un groupe de gauche appelé Perspectives tunisiennes (ou El Amal Ettounsi) s’est fait connaître comme un des principaux opposants au pouvoir en place. Ce mouvement a pris racine chez les étudiants tunisiens à Paris et, après la défaite des pays arabes face à Israël en 1967, il a adopté des idées plus radicales. Perspectives a joué un rôle important en encourageant les étudiants et les travailleurs à se mobiliser, mais le gouvernement de Bourguiba a réagi en réprimant violemment ses membres.

Par la suite, El-Amal Ettounsi (L’Ouvrier tunisien) s’est divisé en plusieurs groupes, donnant naissance à des partis comme le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), mené par Hammami, et le Rassemblement socialiste progressiste (RSP) dirigé par Nejib Chebbi. Malgré une répression de plus en plus forte, ces groupes ont continué à se battre pour leurs idées en secret.

La Dure Réalité sous Bourguiba et Ben Ali

    Sous Bourguiba et Ben Ali, toute personne ayant des idées de gauche était systématiquement visée. H. Hammami a été arrêté plusieurs fois, soumis à des traitements cruels et condamné à de longues peines de prison. En 1974, son simple engagement dans un groupe politique lui a valu l’emprisonnement. En 1994, il a de nouveau été arrêté et torturé, endurant des souffrances physiques et psychologiques terribles.

    Avec Ben Ali, les choses ont empiré. H. Hammami a dû se cacher plus d’une fois, et sa famille a été persécutée. Sa femme, Radhia Nasraoui, avocate et défenseure des droits de l’homme, a elle aussi été victime d’intimidations et de menaces.

    1. La Bataille pour les Droits et la Vérité

    Pour H. Hammami, la politique et la défense des droits fondamentaux ont toujours été liées. Son épouse, Radhia Nasraoui, a fondé une association pour combattre la torture en Tunisie et a reçu une reconnaissance internationale pour son travail acharné.

    Après la révolution de 2011, la question de rendre justice pour le passé est devenue primordiale. Un représentant spécial de l’ONU sur la torture, Juan Mendez, a visité la Tunisie en 2011 et a conseillé des changements pour mettre fin à l’impunité et protéger les droits de ceux qui sont en prison.

    1. Les Hauts et les Bas de la Gauche Tunisienne

    Malgré son rôle important dans l’histoire, la gauche tunisienne a eu du mal à s’imposer après la révolution. Le Front populaire, un regroupement de partis de gauche créé en 2012 Par des partis de la Gauche dont le parti de leader Chokri Belaid assassiné en 2013. Le Front populaire n’a pas réussi à gagner les élections. H. Hammami a reconnu que la gauche n’avait pas vu venir la force des islamistes et n’avait pas su répondre aux besoins économiques et sociaux des Tunisiens.

    Aujourd’hui, H. Hammami appelle à un grand rassemblement de toutes les forces vives, pour lutter contre la violence et le terrorisme, et pour construire une politique de développement qui profite à tous.

    H. Hammami reste un symbole de courage et d’espoir pour ceux qui rêvent d’une Tunisie démocratique et juste.

      Click to comment

      Leave a Reply

      Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

      Trending Posts