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Hydrogène vert : la co-entreprise de TotalEnergies signe un méga projet en Tunisie

A terme, ce projet, chiffré à plusieurs milliards de dollars, produira un million de tonnes d’hydrogène vert par an. Mais avant de voir le jour, de nombreux défis techniques restent encore à relever.

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A terme, ce projet, chiffré à plusieurs milliards de dollars, produira un million de tonnes d’hydrogène vert par an. Mais avant de voir le jour, de nombreux défis techniques restent encore à relever.
Nouveau grand chantier pour TE H2, la co-entreprise spécialisée sur l’hydrogène, créée par les groupes TotalEnergies, Eren, et l’électricien autrichien Verbund. Ce mardi, les énergéticiens ont annoncé la signature d’un protocole d’accord avec la Tunisie en vue d’édifier un grand complexe de production et exportation d’hydrogène vert dans le sud du pays.

Baptisé « H2 Notos », ce projet, qui en est à son tout début, vise à produire de l’hydrogène par électrolyse, à base d’électricité renouvelable solaire et éolienne, pour l’exporter par pipeline vers l’Europe.

Pour la Tunisie, « l’accord conclu avec TE H2 et Verbund marque une étape importante dans notre démarche pour une énergie propre et durable », a déclaré Fatma Thabet Chiboub, la ministre de l’Énergie, citée dans le communiqué.

1 million de tonnes d’hydrogène par an
L’hydrogène serait acheminé par pipeline construit spécialement jusqu’à la côte nord tunisienne, avant de passer par un gazoduc marin transportant aujourd’hui du gaz, puis par le futur pipeline « SoutH2 corridor » prévu d’ici 2030 et remontant vers l’Europe par l’Italie, a expliqué le patron de TE H2 à des journalistes. Le transport par pipeline est moins coûteux que la double transformation en ammoniac qu’exigerait un acheminement par bateaux, a-t-il ajouté.

Des défis à relever
Mais le responsable n’a pas caché les nombreux défis à relever. « Nous entrons à présent dans une phase de travaux techniques importants destinées à évaluer la faisabilité du projet. Il nous faudra pour cela continuer d’approfondir la collaboration constructive et fructueuse que nous avons déjà avec les autorités tunisiennes nationales et locales », a-t-il dit.

C’est « un projet prometteur mais il y a encore beaucoup de travail pour sécuriser les terrains, sur l’impact environnemental des éoliennes, les possibilités de construction » du pipeline. Quant à l’eau nécessaire à l’électrolyse viendra, elle, du dessalement d’eau de mer, a-t-il précisé.

Course à l’hydrogène vert dans le monde
De nombreux acteurs industriels dans le monde tentent de se positionner dans la course à l’hydrogène vert, vu comme le moyen de décarboner l’industrie et les transports lourds, mais se heurtent encore à des problèmes de coûts et de complexité technique. Outre le projet tunisien, la co-entreprise TE H2 développe des projets sur d’autres grands sites à fort gisement solaire et éolien, au Maroc, en Mauritanie, Egypte mais aussi Finlande ou Australie, l’objectif étant de pouvoir exporter.

Son projet le plus avancé se trouve à la pointe sud du Chili, où l’entreprise a sécurisé auprès d’un propriétaire privé près de 120.000 hectares, pour installer 8 à 10 GW d’éolien. L’endroit « nous sert aussi de laboratoire sur les aspects technologiques et coûts », a indiqué le directeur général de TE H2, qui appelle l’UE à « penser global » pour soutenir l’industrie de l’hydrogène vert en Europe.
A ce sujet, la Commission européenne a récemment indiqué vouloir produire 20 millions de tonnes d’hydrogène bas carbone par an, dès 2030. Par ailleurs, dans le monde, le plus important électrolyseur a été mis en service par la Chine en juillet 2023, pour une capacité de 260 MW et une production attendue de 20.000 tonnes d’hydrogène bas carbone par an.

Malgré cet engouement, il faut rappeler que la filière de l’hydrogène bas carbone peine à décoller en raison d’une demande très incertaine et du faible déploiement des électrolyseurs, une technologie encore très coûteuse. Le mois dernier, une étude du Commissariat à l’énergie atomique français a révélé que la demande industrielle en hydrogène bas carbone s’élèverait à seulement 2,5 millions de tonnes par an d’ici 2030 et 9 millions de tonnes en 2040.

Le patron de Total juge l’hydrogène vert encore trop « embryonnaire »
Si ces dernières années, TotalEnergies investit bien dans de nouveaux projets d’hydrogène vert, son patron s’est récemment montré prudent quant au potentiel de cette énergie décarbonée. A l’occasion d’une prise de parole fin avril au Forum économique mondial à Ryad, le PDG de la major a estimé que l’hydrogène vert était à « un stade embryonnaire », et que la priorité devait être donnée aux biocarburants obtenus à partir de la biomasse pour réduire les émissions.

« Reconnaissons que nous n’en sommes qu’au stade embryonnaire et cessons de parler de 10, 20 millions de tonnes », a ainsi déclaré le dirigeant en référence aux objectifs très ambitieux de l’Union Européenne pour la production annuelle. « Cela n’a aucun sens. Soyons sérieux et trouvons la bonne feuille de route », a-t-il affirmé à propos de cette cible.
« Pour être clair, il n’y a aucun moyen de réduire le coût de l’hydrogène vert s’il ne s’agit que d’un marché de niche », pour les raffineries par exemple, a aussi souligné la patron de TotalEnergies. « Si nous n’avons pas de marché (…) pour les transports, il sera très difficile de faire baisser les coûts ».

Pour Patrick Pouyanné, « la meilleure façon de produire des molécules vertes est aujourd’hui le biocarburant », issu de la biomasse (matières premières d’origine végétale, animale ou issues de déchets). Et de conclure sur le sujet, lors de cette allocution : « Donnons la priorité aux biocarburants, il y a beaucoup à faire et ça a marché. »
AFP

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