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Défendre les réfugiés en Tunisie : le prix fort payé par Mustapha Djemali, 81 ans
Genève/Tunis, 13/05/2025 – Mustapha Djemali, juriste et académicien tuniso-suisse âgé de 81 ans, ancien haut responsable au HCR et initiateur du Conseil Tunisien pour les Réfugiés (CTR), est emprisonné en Tunisie depuis le 3 mai 2024. Son délit ? Avoir offert refuge à des migrants sans papiers, bien que ces derniers aient été enregistrés auprès du HCR. Sa détention arbitraire est condamnée par sa famille et des organisations non gouvernementales, dont l’association Le Pont Genève, qui réclame sa libération immédiate.
Un parcours consacré aux droits des réfugiés
Diplômé de la Sorbonne, Mustapha Djemali s’est investi durant 40 ans pour la protection des plus démunis. Après 24 ans passés au HCR, où il a dirigé les bureaux de l’Asie centrale, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, il devient Représentant régional du Maghreb au CIMP (Centre international pour le développement des politiques migratoires). En 2016, il crée le CTR pour venir en aide aux réfugiés en Tunisie, collaborant étroitement avec l’ONU.
« Son engagement humanitaire est reconnu à l’échelle mondiale », rappelle un ancien collègue du HCR. Toutefois, les médias tunisiens demeurent étrangement silencieux sur son affaire.
Une arrestation opaque et des chefs d’accusation vagues
Le 3 mai, les autorités tunisiennes l’ont arrêté, accusant le CTR d’héberger des migrants « illégaux ». Cependant, tous étaient enregistrés auprès du HCR, comme le confirment des documents vus par Le Pont Genève. Aucunes charges formelles n’ont été retenues contre lui malgré un mois de détention.
« C’est une violation claire du droit international », selon l’association le Pont Genève. La détention préventive prolongée sans preuves va à l’encontre des principes des Nations Unies que Djemali a servis.
Santé fragile, famille éprouvée
Âgé et vulnérable, Djemali voit sa condition se détériorer en prison, selon sa famille résidant en Suisse. Ses proches, épuisés par les voyages fréquents entre la Suisse et la Tunisie, redoutent pour sa vie. « Mon père a toujours travaillé pour la justice. Aujourd’hui, c’est lui qui en a besoin », confie son fils, contacté par téléphone.
Mobilisation internationale
L’association Le Pont Genève a lancé une pétition pour exiger sa libération, soutenue par d’anciens collègues du HCR. « Son arrestation met en danger l’aide aux réfugiés en Tunisie », alerte un porte-parole.
Alors que la Tunisie durcit sa politique migratoire, le cas de Djemali soulève des questions : pourquoi les médias locaux passent-ils sous silence ce symbole de l’humanitaire ? Certains y voient une volonté de museler les voix dérangeantes.
En attendant, un vieil homme, honoré par l’ONU, demeure derrière les barreaux. Sans procès. Sans équité.
À suivre.
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