Politique
Tunisie : Les autorités interdisent une manifestation sur le procès équitable
Tunis, le 10 avril 2025
Les autorités tunisiennes ont interdit ce jeudi 10 avril 2025 une manifestation civile organisée sous le thème « Le procès équitable, garantie pour connaître la vérité », prévue dans la salle du cinéma le Rio à Tunis. Officiellement, cette décision s’appuie sur l’« absence d’autorisation préalable », selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. Cependant, cette interdiction soulève des questions sur l’espace accordé à la liberté d’expression dans le pays.
Un événement aux participants controversés
L’événement, initié par plusieurs organisations locales et internationales dont FIDES, Amnesty International et SEI, visait à aborder les standards des procès équitables et leur rôle dans l’établissement de la vérité judiciaire. La présence d’acteurs perçus comme critiques envers le pouvoir actuel a sans doute influencé la réaction des autorités. Ces dernières invoquent le « respect des procédures légales » et la « préservation de l’ordre public » pour justifier leur décision.
Contexte tendu autour des « affaires politiques »
Cette interdiction intervient dans un climat particulièrement sensible, marqué par la polémique autour de l’affaire dite « de complot », dans laquelle plusieurs figures politiques et opposantes sont accusées d’atteinte à la sûreté de l’État. Certains détenus, comme Jawhar Ben Mbarek (en grève de la faim depuis le 30 mars) ou Issam Chebbi, ont publiquement dénoncé des « procès inéquitables » et refusé de participer aux audiences, qualifiées de « parodie judiciaire ». Leurs avocats et des ONG pointent du doigt les conditions de détention et les retards délibérés dans le traitement des dossiers.
Des conditions carcérales dénoncées
Plusieurs rapports récents d’organisations de défense des droits humains alertent sur la dégradation des conditions dans les prisons tunisiennes : surpopulation, accès limité aux soins médicaux, restrictions des visites familiales, et recours abusif à la détention provisoire. Amnesty International et Human Rights Watch ont notamment critiqué « l’usage disproportionné de la force » et « l’opacité des procédures judiciaires ». Les autorités tunisiennes rejettent ces accusations, affirmant que toutes les mesures prises le sont « dans le cadre de la loi ».
Un équilibre difficile entre sécurité et libertés
Cette interdiction relance le débat sur la conciliation entre sécurité nationale et libertés fondamentales en Tunisie. Si le gouvernement insiste sur la nécessité de stabiliser le pays, ses détracteurs l’accusent d’instrumentaliser la justice pour réduire l’espace démocratique.
Dans un pays où la transition politique reste fragile, chaque décision de ce type est perçue comme un test pour l’État de droit. La communauté internationale, particulièrement l’Union européenne, suit de près ces développements, alors que la Tunisie cherche à préserver ses partenariats économiques et diplomatiques.
L’annulation de cette manifestation illustre les tensions persistantes entre les aspirations démocratiques et les mesures sécuritaires en Tunisie. Alors que le pouvoir justifie ses actions par la protection de l’ordre public, la société civile et les défenseurs des droits humains y voient une restriction inquiétante des libertés. Le dialogue entre ces deux visions semble plus nécessaire que jamais pour éviter une fracture durable.
منع نشاط منظمات المجتمع المدني بفضاء الريو بالعاصمة الحرية للسجينات والمساجين كلنا في حالة سراح مؤقت
Publiée par Dhouha Ayedi sur Jeudi 10 avril 2025
Bassem Trifi, président de LTDH
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